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Depuis plus de 30 ans, les projets de cogestion des biens et des territoires communautaires ayant pour objectif de renforcer le développement participatif et autogestionnaire par les différents acteurs impliqués ont fortement augmenté, et ont obtenu des résultats contrastés. Dans certains cas emblématiques, pour l’Amérique Latine par exemple, diverses communautés sylvicoles du centre et du sud du Mexique, ou dans le Petén guatémaltèque ou dans certains territoires indigènes panaméens ou colombiens ont réussi à construire des organisations autogestionnaires.
Ils ont progressivement surmonté les obstacles et développé tantôt des fonds autogérés à partir de leurs propres bénéfices économiques générés par les activités sylvicoles tantôt de nouveaux dispositifs institutionnels reposant sur des investissements publics et privés. Après plusieurs années, les organisations et groupements ont développé des instruments et des mécanismes qui les ont amenés à jouer un rôle majeur dans la gestion des ressources forestières de leurs territoires. Cependant, il reste diverses questions à résoudre : A quel point ont-il pu influer ou même changer les relations de pouvoir dans les territoires en question ? A-t-on obtenu des transformations sociales et économiques avec des bénéfices collectifs ? Quels sont les principaux obstacles à surmonter pour obtenir une amélioration générale du bien être dans la région ?
Tenter de répondre à ces questions nous ouvre des pistes pour comprendre les obstacles, les contradictions et les conflits existants à différentes échelles dans la gestion des biens et des territoires communautaires. Bien qu’ils aient réussi à avancer en construisant progressivement des chemins vers une cogestion de la ressource forestière, nous devons comprendre si cette cogestion reste tributaire du discours et des structures institutionnelles propres à l’État ou si elle parvient à générer de nouveaux dispositifs qui peuvent conduire à des transformations dans le contrôle territorial de la région.
S’il est certain qu’il existe des expériences réussies de concertation et de cogestion des biens forestiers, les expériences d’autogestion de la production agricole restent rares parce qu’elles impliquent des types de processus régionaux et financiers et des types d’acteurs qui ne facilitent pas la cogestion régionale.
Pour reprendre les termes de Ferguson [1], la machinerie du développement se limite parfois à apporter des solutions sur les seuls aspects techniques, ignorant ainsi les dimensions éthiques et politiques d’une véritable cogestion territoriale. Pour ouvrir la voie à un bien-être collectif sur le long terme, les dispositifs institutionnels générés par ce développement autogestionnaire, doivent engendrer des transformations politiques à même de changer les structures de pouvoir. Dans ce numéro de la newsletter d’AGTER, s’offrent à nous des réflexions et des exemples nous permettant d’évaluer les transformations requises et les différentes manières de construire des solutions durables à long terme.
1- Ferguson, J., 1994, The Anti-Politics Machine : “Development”, Depoliticization, and Bureaucratic Power in Lesotho. Minneapolis : University of Minnesota Press.