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Le projet de construction à Notre-Dame-des-Landes d’un second aéroport international pour la ville de Nantes, à l’ouest de la France, suscite une opposition de plus en plus forte. L’idée, formulée pour la première fois il y a plus de 40 ans, a été relancée dans les années 2000 par Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes et devenu en 2012 premier ministre du gouvernement français.
Construire un nouvel aéroport aujourd’hui est un contresens à plus d’un titre : écologique, financier et même politique pour le pouvoir en place !
Écologiquement, ce nouvel aéroport serait une catastrophe. Sa construction détruirait directement des terres agricoles. Le développement associé des zones logistiques et d’activités, diverses et variées, qui verraient le jour, aurait un impact différé avec la destruction d’autres espaces agricoles, haies, mares et arbres. Le soi-disant « développement économique » correspondrait d’ailleurs plus à une délocalisation d’emplois qu’à une création nette, favorisant des friches industrielles ailleurs. Ainsi, l’aéroport, avec le développement urbain qui s’en suivrait, détruirait à la fois des espaces de biodiversité et un potentiel de production agricole. Les mesures de compensation environnementale qui, au mieux, permettraient de compenser la biodiversité remarquable et les surfaces boisées, ne compenseraient ni la biodiversité ordinaire ni le potentiel agricole qui seraient irrémédiablement détruits. Enfin, et ce n’est pas le moindre des aspects environnementaux, la construction et la mise en service d’une nouvelle infrastructure aéroportuaire amplifieraient encore les émissions de gaz à effet de serre. Comme tous les autres, le secteur aérien doit diviser par plus de 4 ses émissions de GES, et le plus tôt sera le mieux. Il convient bien sûr d’améliorer l’efficacité énergétique des avions, mais dans le secteur aéronautique comme ailleurs, il faut d’abord viser la sobriété qui doit se traduire par une diminution du trafic.
Financièrement, l’évaluation économique du projet n’est même pas en mesure d’apporter un argument en faveur de cet « investissement du futur ». Dans un contexte de rareté des fonds publics comme aujourd’hui, ni l’État, ni les collectivités ne peuvent soutenir un projet avec un aussi faible retour sur investissement et ce d’autant plus que les quelques gains seraient récupérés par le privé. De surcroît, l’État ne peut envisager de financer pendant des mois et des années une protection policière des engins de démolition et de destruction des espaces naturels de Notre Dame des Landes pour le bénéfice d’intérêts privés !
Politiquement, ce pourrait être un désastre pour le pouvoir en place. Il apparaît d’ailleurs curieux qu’à la veille de nouvelles échéances électorales un pouvoir fraîchement élu oublie ses électeurs aspirant à la transition écologique, qui lui ont permis de franchir le seuil des 50 % à l’élection présidentielle.
L’Europe importe déjà l’équivalent de la production agricole de 35 millions d’hectares, superficie qui représente 20 % des surfaces agricoles européennes. N’aggravons pas le déficit tant mondial qu’européen d’espaces naturels, agricoles et forestiers, par une infrastructure inutile et coûteuse, contributrice au réchauffement climatique, donc nuisible à un environnement viable pour l’homme. Profitons du débat ouvert sur cette infrastructure pour revisiter la notion d’utilité publique. Compte tenu des services que les espaces agricoles et forestiers offrent à l’humanité en termes d’accueil de la biodiversité remarquable et ordinaire, de capture et de stockage de carbone, d’eau et de phosphate, et de potentiel de production de biomasse, la préservation d’un sol naturel relèvera de l’intérêt public majeur.
Décidons vite de l’enterrement de cet aéroport anachronique. Il ne s’agit pas de reculer mais bien de prendre le virage de la transition écologique et sociale tant qu’il en est encore temps.
La transition écologique et sociale, c’est maintenant et non demain.
Robert Levesque est l’auteur de « Terre nourricière, si elle venait à nous manquer ».
DIVERS
L’équipe d’aGter souhaite à tous les lecteurs de notre lettre d’information une heureuse année 2013.
Vous trouverez dans cette édition la synthèse vidéo de la réunion thématique de Septembre 2012 avec Henri Rouillé d’Orfeuil ainsi qu’un article édifiant du même auteur sur la question de l’emploi à l’échelle mondiale et les conséquences dramatiques des évictions des paysanneries.
Nous vous informons par ailleurs qu’aGter participera au Forum Social Mondial qui aura lieu à Tunis en mars 2013. Nous y organiserons un atelier sur la dimension agraire des révoltes récentes en Afrique du Nord, les accaparements de terre et l’importance de la paysannerie dans le monde.
Les articles et vidéos présentés ci dessous en Français, Espagnol et Anglais sont différents d’une langue à une autre.
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