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Une production de la Commission Agriculture et Alimentation de Coordination Sud
Rédigé par : Frédéric Apollin, Laurent Levard
Date de rédaction :
Organismes : Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques (GRET), Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF), Coordination nationale des ONG françaises de solidarité internationale (Coordination Sud)
Type de document : Article / document de vulgarisation
Face aux impacts négatifs et aux limites de l’agriculture issue de la révolution agricole du XXe siècle – connue sous le nom de «révolution verte» dans les pays du Sud et souvent qualifiée d’agriculture «productiviste» –, de multiples démarches visent, à travers le monde, à mettre en œuvre une agriculture qui concilie les objectifs de production avec des objectifs écologiques, voire des objectifs sociaux (génération d’emplois, niveau et qualité de vie des populations, sécurité alimentaire, etc.). Les pratiques se réclamant de l’agro-écologie sont diverses, ainsi que les termes utilisés pour les caractériser. Le concept d’agro-écologie permet de regrouper bon nombre de ces pratiques, autour de quelques principes fondamentaux.
L’agro-écologie est également une approche scientifique, une «écologie appliquée à la production du peuplement cultivé» ou «écologie du champ cultivé» 1, en quelques sortes une agronomie redécouvrant que l’objet de travail de l’agriculture est un écosystème (un «agroécosystème»). Selon les approches, l’échelle considérée peut être la parcelle cultivée, l’exploitation, un territoire dans son ensemble ou encore la filière agroalimentaire.
L’agro-écologie est également souvent considérée comme un mouvement en faveur d’une agriculture et de modes de production et de consommation plus durables.
De nombreuses études ont été réalisées sur l’agro-écologie et ses impacts. Les organisations membres de la Commission Agriculture et Alimentation (C2A) de Coordination SUD 2, la plateforme des ONG françaises de solidarité internationale, sont convaincues de l’importance pour les pays du Sud de soutenir les agricultures familiales. Elles plaident pour des politiques publiques qui soient favorables à leur développement. Elles sont également souvent témoins des impacts négatifs et limites de l’agriculture «productiviste» et des effets positifs des démarches agro-écologiques mises en œuvre pour les agricultures familiales.
Les démarches agro-écologiques sont parfois critiquées, au nom du fait qu’il serait illusoire de prétendre «nourrir le monde» ou de générer suffisamment de revenus avec l’agro-écologie. Par ailleurs, les expériences agro-écologiques au niveau local ont parfois du mal à être généralisées. Il y a en quelques sortes une difficulté pour l’agro-écologie à «changer d’échelle». Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation souligne que «la transposition de ces expériences à une plus grande échelle est le principal défi à relever aujourd’hui» 3.
C’est pourquoi la C2A a souhaité faire le point sur deux questions centrales :
d’une part, la capacité de l’agro-écologie à répondre aux grands défis de l’humanité pour le XXIe siècle: sécurité alimentaire d’une population en croissance et dont les modes de consommation évoluent, développement économique et social des pays du Sud et de leurs populations, transition des modes de production et de consommation face à la crise écologique actuelle (dégradation des écosystèmes cultivés, épuisement des ressources non renouvelables, dégradation de la biodiversité, contaminations de l’environnement, réchauffement climatique);
d’autre part, les conditions nécessaires à la généralisation de l’agro-écologie: type d’agriculture (familiale ou capitaliste) la plus à même de mettre en œuvre des pratiques écologiques, dispositifs de soutien et d’accompagnement des agriculteurs (accompagnement technique et financier des innovations et risques liés à la transition, recherche, échanges d’informations), environnement économique et des politiques agricoles, coopération internationale.
Ce rapport aborde ces deux questions, sur la base d’un travail bibliographique réalisé par le Gret et le Centro de Desarrollo e Investigacion Rural (Cedir)4, avec le soutien de l’association Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) et de la fondation Agrecol Andes, et des résultats du séminaire organisé le 11 décembre 2012 à Nogent-sur-Marne.
À noter que nous nous intéressons dans ce document principalement à l’agro-écologie en tant qu’ensemble de démarches et de pratiques. Cependant, la dimension «mouvement social» n’est souvent pas loin, tant les dynamiques sociales liées à l’agro-écologie sont aussi parfois une condition du développement de certaines pratiques, au travers notamment des réseaux d’échanges d’expériences, de sélection participative et d’échanges de semences, ou encore des circuits alternatifs de commercialisation.
Ce rapport a été rédigé par Laurent Levard (GRET) et Frédéric Apollin (AVSF). Il est téléchargeable sur cette page, ainsi qu’un résumé (note C2A).
1Stéphane Henin, cité par Christophe Naudin, séminaire sur l’agro-écologie, 2012
2AGTER est membre de la C2A et de Coordination Sud
3Olivier de Schutter, 2010
4L’étude de Maria del Carmen Soliz, Daniel Vildozo et Pierril Lacroix, « Estudio bibliografico de agro-écologia en América latina y el Caribe », Cedir-AVSF-Agrecol Andes, 2012, est disponible sur le site éditorial d’AVSF: www.ruralter.org
note_c2a_no10_agroecologie_2013.pdf (860 Kio)