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Le 17 mai 2014, après avoir fait un constat sans appel sur l’évolution défavorable de l’accès des paysans à la terre et aux ressources naturelles dans le monde, sur ses conséquences sur la persistance de la faim et de l’exclusion et sur la nécessité impérative d’améliorer les mécanismes de la gouvernance mondiale, l’Assemblée Générale d’AGTER prenait l’initiative d’organiser un Forum Mondial sur l’Accès à la Terre. C’était un pari audacieux, dont nous avions d’emblée évalué les difficultés.
De fait, les obstacles qu’AGTER et le CERAI ont dû surmonter pour réunir les énergies et les fonds nécessaires pour mener le projet à son terme ont dépassé ceux rencontrés 12 ans plus tôt lors de la préparation du Forum Mondial pour la Réforme Agraire.
Après 2 ans et demi d’efforts, grâce aux appuis d’institutions publiques et de plusieurs fondations, à la mobilisation de quelques 550 organisations paysannes et de la société civile, de 12 institutions gouvernementales et de plus de 630 chercheurs, enseignants et personnalités (www.landaccessforum.org/?pag…) qui ont appelé à son organisation (www.landaccessforum.org/?pag…), et grâce à la volonté des participants dont un grand nombre ont financé eux-mêmes leur venue, le Forum Mondial sur l’Accès à la Terre et aux ressources naturelles s’est tenu à Valencia le 31 mars et le 1 et 2 avril 2016.
Le Forum a permis à près de 400 personnes de 70 pays de se rencontrer, de présenter leurs expériences et de débattre librement de propositions pour mettre fin à la situation inacceptable et insoutenable de marginalisation et d’exclusion que vivent au quotidien des centaines de millions de paysans, de pêcheurs, d’éleveurs, d’habitants des forêts, mais aussi d’habitants des villes.
Nous pouvons être fiers du chemin parcouru, mais nous sommes aussi tous conscients du travail immense qui reste à faire.
La synthèse finale rédigée à chaud à la fin du Forum ne présente encore que trop succinctement et de manière imparfaite les réflexions et propositions qui ont été formulées par les participants. Il nous faut maintenant travailler à valoriser les apports de ces trois jours de débats intenses, pour pouvoir les partager avec le plus grand nombre de personnes et d’organisations.
L’expérience du FMAT nous renforce dans la conviction que le débat autour de la question agraire au XXIe siècle nous concerne tous. Il est essentiel de ne pas le limiter aux acteurs de la société civile qui travaillent dans le secteur agricole. La réduction des inégalités, la paix dans le monde, mais aussi une gouvernance durable des ressources de la planète sont en jeu. Le FMAT a illustré la volonté de n’exclure personne d’un débat qui ne concerne pas seulement les paysans, mais l’humanité toute entière.
Parmi les analyses novatrices qui ont été mises en avant lors du forum, la démonstration de la supériorité de la production paysanne sur la grande production capitaliste à salariés, illustrée par une vidéo de 3 minutes vue par plus de 100 000 personnes dans sa version française, a été particulièrement appréciée par les délégués des différents continents (Voir :youtu.be/Xv03O86UjQg).
Pour que ce Forum ne soit pas un forum de plus, nous devons tous travailler à ce que des politiques différentes voient le jour, à ce que de nouvelles modalités de gouvernance internationale soient mises en place. L’application depuis 2012 des « Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale » se heurte au manque de volonté politique des Etats. Les processus de dépossession des populations, d’appropriation privative des communs et de concentration des terres et des ressources naturelles sont toujours en pleine expansion, comme en ont témoigné les participants au FMAT.
Il est donc plus urgent que jamais de travailler, comme le retient la synthèse du forum, à « élargir les alliances citoyennes, rurales et urbaines, et à organiser une vaste mobilisation de la société civile, seule susceptible de conduire à mettre en place des mécanismes de gouvernance capables de stopper la concentration des ressources par une minorité, et les conflits extrêmement graves qui en résultent ».
Les réseaux d’AGTER élargis par tous les liens nouveaux tissés lors de l’organisation du FMAT auront un rôle à jouer, mais ils ne sauraient suffire, bien évidemment ! Tous les lecteurs de ce bulletin sont invités à le rediffuser et à proposer à leurs amis et collègues de nous rejoindre et de reprendre à leur compte les acquis du Forum, pour avancer vers des propositions adaptées à leurs situations et pour livrer les batailles qui seront nécessaires pour renverser les tendances actuelles et retrouver un espoir de maintien d’une planète vivable pour l’humanité.
Denis Pommier
Président d’AGTER