Title, subtitle, authors. Research in www.agter.org and in www.agter.asso.fr
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English version: Fair Share of Water: Ensuring access to water for family farming in the South
Rapport de la Commission Agriculture et Alimentation de Coordination Sud 2012
Written by: Céline Allaverdian, et al.
Writing date:
Organizations: Association pour contribuer à l’Amélioration de la Gouvernance de la Terre, de l’Eau et des Ressources naturelles (AGTER), Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques (GRET), Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF), Comité Catholique Contre la Faim - Terre Solidaire (CCFD-Terre Solidaire), Coordination nationale des ONG françaises de solidarité internationale (Coordination Sud)
Type of document: Paper / Document for wide distribution
L’eau est un bien essentiel dont les paysanneries du Sud dépendent fortement pour leur subsistance et, plus généralement, pour la production de denrées alimentaires. Or la concurrence pour l’eau ne cesse de s’aiguiser du fait de la croissance démographique, de l’industrialisation, de l’urbanisation, et de modes de consommation alimentaire de plus en plus gourmands en eau. L’eau agricole est de plus en plus accaparée par d’autres acteurs économiques au mépris des droits historiques des agricultures familiales, souvent politiquement plus faibles et moins organisés. Face aux 925 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde dont 75 % en milieu rural, il est pourtant urgent de garantir l’accès à l’eau aux agricultures familiales. Elles détiennent en effet un potentiel immense pour répondre aux enjeux de sécurité alimentaire, d’équité sociale et de durabilité environnementale.
Dans 70 % des cas, les personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le monde sont des agriculteurs pauvres. Pourtant, ils fournissent jusqu’à 70 % de la production alimentaire mondiale et 80 % de celle des pays en développement! Depuis longtemps, les 1,8 milliards d’agriculteurs familiaux ont développé des pratiques agricoles et des techniques simples de gestion de l’eau, pertinentes pour l’adaptation au changement climatique et la mise en valeur des terres pluviales. Or les investissements ne sont pas encore à la hauteur des besoins, loin s’en faut.
Ce rapport, centré sur les enjeux de l’accès à l’eau agricole des agricultures familiales, affirme que la question de l’eau pour l’agriculture ne peut être traitée par l’approche « efficience de l’eau » ou encore celle de « more cash per drop ». L’eau est un bien commun, qui concerne l’ensemble des acteurs d’un territoire et ses citoyens. L’eau agricole doit être réfléchie en tenant compte du fait qu’elle constitue pour les paysans une garantie essentielle pour la sécurité alimentaire: la leur bien sûr, mais aussi celle des villes, et un élément essentiel d’adaptation au changement climatique. La « justice sociale de l’eau » et l’accès garanti à l’eau pour les paysanneries ne sont donc pas des revendications illégitimes, mais des droits légitimes. Le droit à une alimentation suffisante, issu du droit international, exige un accès durable à la ressource en eau.
Loin des solutions « toutes faites » et dénonçant les fausses idées trop largement répandues sur l’eau agricole, ce rapport met en avant trois axes fondamentaux pour garantir l’accès à l’eau aux agricultures familiales :
investir intelligemment dans l’eau agricole pour les agricultures familiales par la diffusion de techniques simples de collecte, de stockage et de distribution de l’eau et la promotion d’infrastructures adaptées
protéger les droits d’accès et d’usage à l’eau pour produire, face à la montée des appropriations à grande échelle de terres et des ressources en eau
favoriser la gestion concertée et démocratique de l’eau par la promotion d’instances de dialogue qui visent une répartition équitable de l’eau entre les usagers, les secteurs d’activité, les villes et les campagnes.
Enfin, il s’agit de renforcer la mobilisation des usagers et de la société civile. La redevabilité des autorités en charge de l’eau vis-à-vis des usagers et des citoyens n’est pas un processus spontané. Les luttes sociales et une représentation bien organisée des groupes d’usagers paysans dans les diverses arènes de négociation permettront de faire évoluer les règles, de faire valoir leurs droits, et d’influencer la formulation de nouveaux cadres pour des politiques publiques plus inclusives.
Le document, téléchargeable sur cette page, a été préparé en 2011 et 2012 et a été rédigé en 2102 par Céline Allaverdian (Gret). Il a benéficié des contributions de Frédéric Apollin, (Agronomes et Vétérinaires sans frontières), d’Hatim Issoufaly (CCFD-Terre solidaire), d’Yves Richard (bénévole CCFD-Terre solidaire), de Michel Merlet (AGTER), et des apports de Francois Molle (IRD), de Thierry Ruf (IRD), de Jeanne Riaux (IRD), de Patricia Toelen (Gret), de Nathalie Dupont (Coordination Sud), et de Clara Jamart (AGTER).
Une note de synthèse à partir de cette réflexion avait été produite fin 2011 et servi de base au travail du groupe lors de sa participation au forum mondial de l’eau et au forum alternatif mondial de l’eau en mars 2012.
Il s’appuit sur 6 études de cas, aux Philippines (Arze Glipo, Integrated Rural Development Foundation), en Equateur (Sylvain Bleuze, AVSF), au Mali (Florent Cornu, AVSF), au Cambodge (Patricia Toelen, Christian Castellanet, Gret), en Ethiopie (Céline Allaverdian et Angèle Legall Gret), et en Colombie (Pedro Antonio Ojeda Pinta, IMCA).
Les rapports de la C2A sont réalisés avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD). Les points de vue exposés dans ce documents ne représentent en aucun cas le point de vue officiel de l’AFD.
c2a_justice-eau-fr.pdf (970 KiB)