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Versión Española: Reforma agraria, justicia social y desarrollo sostenible

Réforme agraire, justice sociale et développement durable

Document Thématique # 4. Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural (ICARRD)

Escrito por: Sergio Leite, Ricardo Avila

Fecha de redaccion:

Organizaciones: Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO)

Tipo de documento: Estudio / Trabajo de investigación

Resumen

Résumé du document

Il est nécessaire de repenser le processus de transformation agraire en considérant la réforme agraire comme un vecteur stratégique du développement social et durable. Ceci a des implications pour la croissance agricole et économique en général, ainsi que pour la justice sociale et pour le développement conçu comme expansion de la liberté.

1) La répartition des actifs, la réforme agraire et la croissance économique

Divers travaux d’analyse économique et historique des processus de développement agricole ont mis en évidence un certain nombre de liaisons importantes à prendre en compte dans les discussions sur la réforme agraire :

  • Les plus grands niveaux d’inégalité au départ (comme, par exemple, une forte concentration de la terre et des capitaux) pèsent négativement sur la croissance économique à long terme. Les pays présentant une concentration de la terre élevée obtiennent une croissance économique plus lente que ceux avec une structure foncière plus égalitaire. Les niveaux élevés de concentration économique et foncière sont aussi des entraves pour la promotion de la justice sociale, laissant des millions de personnes en marge de la pleine citoyenneté.

  • Un certain nombre de facteurs autres que strictement économiques ou agricoles, tels que l’accès à la santé et l’éducation, jouent aussi un rôle déterminant dans les processus d’accroissement de la productivité en agriculture, particulièrement pour les plus pauvres. Mais ces facteurs ne peuvent être transformés en développement économique que si les actifs productifs, comme la terre, sont rendus disponibles pour la majorité des producteurs les plus pauvres.

  • Les programmes de réforme agraire doivent être accompagnés de mesures d’appui aux bénéficiaires pour que ces réformes aient des effets significatifs durables comme politique de réduction de la pauvreté et de promotion de l’équité.

  • La terre n’est pas seulement un facteur de production, mais aussi de richesse, de prestige et de pouvoir. De ce fait, sa répartition plus égalitaire entraîne non seulement une augmentation des actifs économiques détenus par les plus pauvres, mais aussi une augmentation du pouvoir politique et de la participation sociale de ces derniers.

2) La critique du modèle économiciste de croissance agraire, l’équité et le développement vu comme liberté

Il existe des interactions déterminantes entre les processus politiques et économiques : les changements économiques requièrent la présence d’acteurs stratégiques pour leur réussite. Cette dimension politique des processus et choix de développement implique que l’on s’interroge sur la priorité accordée au modèle agroexportateur et aux intérêts des grands groupes (principaux bénéficiaires de ce modèle), en réalisant que ce modèle fait obstacle à un développement plus juste et équitable. La modernisation agraire par intégration avec les marchés mondiaux des produits, généralement réalisée sans modifications de la structure foncière, entraîne souvent un certain nombre d’effets pervers : aggravation des inégalités de revenus et de la concentration foncière, baisse de compétitivité et vulnérabilité des exploitations familiales, dégradation de l’environnement..

Pour pouvoir faire une analyse critique du discours et du modèle de la croissance agricole agro-exportateur et fondé sur l’agro-business, il importe de reconnaître que le thème de la réforme agraire s’insère dans un faisceau de relations économiques, politiques et sociales. Les transformations de l’agriculture ne se sont pas simplement limitées à des modifications de la base technique des exploitations agricoles, mais comportent parallèlement les effets d’un ensemble d’autres processus sociaux relativement autonomes. Ces processus sont l’affirmation politique de la paysannerie, l’intervention modernisatrice de l’Etat, l’exode rural, les modes d’organisation et de représentation des intérêts des divers groupes sociaux etc. Lorsque ces intérêts sont opposés, le conflit devient un élément de changement institutionnel intrinsèque au processus de développement.

En plus de constituer une condition du développement durable, la réforme agraire est un élément majeur de la justice sociale et d’un processus d’expansion des capacités humaines des travailleurs ruraux sans terre et des ruraux les plus pauvres en général. En ce sens, cette réforme est une élément constitutif majeur du développement défini (suivant Amartya Sen) comme un processus dont le principal moyen et la principale finalité sont l’expansion de la liberté.

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