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L’introduction du maïs transgénique au Mexique. Considérations socio-économiques et culturelles pour la prise de décisions sur les Organismes Génétiquement Modifiés: 4 régions, 4 perspectives. Conférence d’Elena Lazos

Réunion thématique AGTER du 16 mai 2014

Les conflits politico-économiques et les transformations socioculturelles que l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) entraine, ont trop rarement été pris en compte par les politiques agricoles et de développement. Cela malgré les recommandations du Protocole de Cartagena sur la Sécurité de la Biotechnologie (2000) qui, à son article 26, préconise la prise en compte des conséquences socio-économiques de l’importation et l’introduction des semences génétiquement modifiées sur la conservation et la transmission durable de la diversité biologique, notamment en relation à la valeur que celle-ci a pour les communautés indigènes et locales. Les interprétations et l’adoption de cet article sont multiples et divergentes, selon les orientations politiques des gouvernements et le poids des industries des biotechnologies.

Au Mexique, berceau mondial du maïs, la conservation de la biodiversité cultivée joue un rôle fondamental, notamment pour les populations indigènes et rurales.

Elena Lazos présente les résultats d’une étude qu’elle a dirigée dans quatre régions du Mexique (Sinaloa, Jalisco, Puebla et Tlaxcala), visant à dégager des éléments pour la prise de décisions concernant l’introduction du mais transgénique dans ce pays. L’étude a pris en compte des facteurs sociaux, économiques, politiques et culturels relatifs à l’impact de l’introduction du mais transgénique pour les différents acteurs sociaux impliqués, leurs perceptions et perspectives. L’élaboration des scénarios d’évolution de l’agriculture mexicaine, avec ou sans l’introduction du mais transgénique, réalisée dans le cadre de cette étude, est une première base pour avancer en direction de l’élaboration de politiques agricoles qui permettent de garantir, en même temps, la préservation durable des ressources naturelles et les bases de la souveraineté alimentaire.

Les décisions politiques relatives à l’introduction d’alternatives technologiques qui soient écologiquement et économiquement viables, et socialement justes, sont très controversées; des choix sont nécessaires entre des options diamétralement opposées : celle d’une agriculture contrôlée par les monopoles transnationaux et celle d’une agriculture qui vise la souveraineté agroalimentaire et garantit les possibilités pour une justice sociale.

Elena Lazos Chavero est professeur-chercheuse à l’Institut d’Investigations Sociales de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM).

Après une licence en biologie à la Faculté des Sciences de la UNAM, Elena Lazos a obtenu une maîtrise en Anthropologie sociale (ENAH, Mexique) et un doctorat en Anthropologie et Socio-économie du développement à l’École d’Hautes Études en Sciences Sociales de Paris. Sa thèse portait sur le thème des transformations agricoles, sociales et culturelles au Yucatán et a été saluée par l’obtention du Prix de l’Institut d’Anthropologie et Histoire ("Fray Bernardino de Sahagun").

Elle a par la suite été responsable d’une vingtaine de projets de recherches portant sur les enjeux politiques, sociaux et économiques du développement rural dans les aires protégées du Mexique. Elle a obtenu divers prix, et en 2002 une Bourse Clacso pour sa recherche intitulée « Dimensions sociales de la technologie génétique dans l’agriculture mexicaine. Le mais transgénique ».

Elle a réalisé plusieurs stages de recherche en Allemagne (Freie Universitàt de Berlin, Wissenschaftskolleg de Berlin, Hanse Wissenschaftskolleg de Delmenhorst) et en Suisse (École Polytechnique Suisse ETH-Zurich et l’Université de Zurich), où elle est en 2014 chargée de cours et responsables de projets portant sur l’Amérique Latine (Ethnologisches Seminar, Université Zurich).

Elena Lazos est membre d’AGTER.