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Les investissements fonciers à grande échelle : Quelles réalités ? Quelles conséquences pour l’agriculture familiale et quels choix en termes de politiques de développement ? Septembre 2009

Table ronde de la journée foncier organisée par le CIRAD, Jeudi 3 Septembre 2009, Montpellier

Le 3 septembre 2009, le CIRAD a organisé une journée de réflexion sur la question foncière qui s’est terminée par une table ronde spéciale sur la question des investissements fonciers à grande échelle, autour de la question: existe-t-il réellement des solutions gagnant-gagnant pour les populations, les investisseurs et les Etats ?

La table ronde animée par Philippe Lavigne Delville, du Groupe de recherche et d’échanges technologiques (Gret/IRD/Lasdel) a regroupé 6 intervenants d’horizons divers :

  • Xavier Briand (Biotechmarine, entreprise spécialisée en fertilisation agricole)

« Nous sommes sollicités depuis un an pour évaluer la faisabilité de projets d’investissement, comme la réhabilitation d’un périmètre rizicole de 2 000 hectares en Sierra Leone. Le succès de telles opérations ne peut exister que si l’intérêt est partagé par les investisseurs, les gouvernements et la population locale. C’est essentiel pour éviter des échecs comme celui de Daewoo. »

  • Ambroise Mazal (Comité Catholique contre la Faim et pour le développement)

« En théorie, on peut imaginer des accords gagnant-gagnant. En pratique, ça me semble bien plus improbable dès lors que l’on liste les conditions de réussite : pas de corruption, intérêt général favorisé, accords transparents… »

  • Moussa Djiré (Université des Sciences Politiques et Juridiques de Bamako, Mali)

« L’agriculture familiale demeure le meilleur moyen pour nourrir un pays et les États doivent prendre des mesures pour la renforcer. Au Mali comme au Niger, les petits agriculteurs craignent que ces processus ne les transforment en simples ouvriers. »

  • Ward Anseeuw (Cirad, Afrique du Sud)

« Les pays “hôtes” manquent de politiques effectives chargées du développement de l’agriculture, notamment en Afrique. Ces investissements étrangers peuvent alors apparaître comme une opportunité à saisir. Or, les négociations se déroulent entre acteurs au poids et au pouvoir trop inégaux pour être équitables, excluant généralement la majorité des protagonistes. »

  • Alain Durand-Lasserve (Laboratoire Sociétés en Développement dans l’Espace et dans le Temps, CNRS-Université Paris VII)

« Le foncier est d’abord un rapport social, un rapport d’appropriation et d’exclusion. Dès lors, comment les exclus peuvent-ils être gagnants ? Les investisseurs n’ont pas pour objectif de tirer les populations de la pauvreté, ni d’exploiter un terrain à long terme. Ils visent un retour rapide sur investissement, quitte à épuiser les ressources en eau et les sols. »

  • Michel Merlet (association AGTER)

« Un exemple : la France d’après-guerre ne produisait pas suffisamment. On aurait pu imaginer des contrats avec des grandes entreprises américaines qui auraient cultivé l’essentiel des terres agricoles du pays. Cette option aurait peut-être été bien acceptée par une population affamée et réduite aux tickets de rationnement, pour autant, aurait-elle été un bon choix pour notre pays ? »

Retrouvez les différents documents relatifs à cette table ronde sur le site du CIRAD [www.cirad.fr/publications-ressources/science-pour-tous/conferences/journee-foncier/introduction].

La synthèse de cette journée de discussion est disponible ci-dessous. Nous remercions le CIRAD de nous avoir autorisé à reproduire sur le site d’AGTER les vidéos de la table ronde.

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