Title, subtitle, authors. Research in www.agter.org and in www.agter.asso.fr
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Written by: Vadim Stirbu
Writing date:
Organizations: Association pour contribuer à l’Amélioration de la Gouvernance de la Terre, de l’Eau et des Ressources naturelles (AGTER), Institut d’étude du développement économique et social (IEDES)
Type of document: Paper / Document for wide distribution
Résumé
La Moldavie est située au sud-est de l’Europe, entre la Roumanie et l’Ukraine. Son territoire actuel, qui avait été soumis à la suzeraineté de la Turquie, a été annexé par la Russie en 1812. Mais la situation des paysans de cette région aussi connue sous le nom de Bessarabie est restée différente de celle des paysans russes. Ils devaient remettre une partie de leurs récoltes aux seigneurs et travailler un certain nombre de jours par an pour ceux-ci, mais une fois ces obligations effectuées, ils étaient restés libres et n’avaient pas été soumis au servage qui était en vigueur en Russie.
Après la première guerre mondiale, la Bessarabie est intégrée à la Roumanie, dont elle fera partie jusqu’en 1940. Elle connaît alors une réforme agraire en 1921 qui modifie les structures agraires et renforce la propriété paysanne.
Suite à l’occupation par l’Union Soviétique en 1940, une nationalisation des terres, puis des redistributions foncières ont lieu. Une politique fiscale très lourde est mise en place, conduisant à une famine aux conséquences dramatiques. La collectivisation forcée commence en 1948-49, avec la déportation de milliers de familles et l’obligation pour les paysans d’intégrer les kolkhozes et sovkhozes. Les rendements dans les kolkhozes et sovkhozes n’ont pas été très élevés. Pour accroitre la production agricole, il a fallu mettre en culture de nouvelles terres, avec des impacts négatifs sur les sols et les milieux naturels.
Après la dissolution de l’Union Soviétique, la Moldavie redevient indépendante et connaît une nouvelle réforme agraire pendant la dé-collectivisation des années 1990. Le démarrage de cette réforme a été lent, avec une redistribution de parts sociales et non de terres dans un premier temps. Le processus s’accélère à partir de 1996 et le Programme National des Terres est lancé en 1998 avec le soutien de bailleurs de fonds étrangers. Il a largement contribué à atteindre des objectifs clés du processus de réforme agraire: la privatisation de la terre, initiée avec une distribution formelle de titres à la population rurale s’est traduite par une redistribution de fait, avec la délimitation des parcelles sur le terrain et la possibilité pour les bénéficiaires d’avoir accès aux terres agricoles et de les travailler. La structure agraire du pays est profondément modifiée.
Le recensement de 2011 donne du secteur agricole moldave d’aujourd’hui une image assez précise et met en évidence la polarisation des structures agraires.
Environ 71% des exploitations ont moins de 1 hectare et la superficie qu’elles exploitent correspond à 10,1% de la SAU.
Les exploitations de 1 à 5 hectares, qui constituent 27% du total des exploitations, utilisent 19,3% de la SAU.
A l’autre pôle, 0,3% des exploitations, de grandes dimensions (au moins 100 hectares) utilisent 63,4% de SAU du pays.
Il montre aussi que les unités de production agricoles travaillent surtout des terres en propriété, contrairement à ce que l’on observe dans d’autre pays voisins.
Ces transformations profondes ont eu pendant longtemps des répercussions négatives sur les volumes de production de la plupart des cultures et des élevages. Cette situation s’est améliorée au cours des dernières années, mais l’avenir reste incertain, d’une part du fait de la destruction des sols, un problème qui n’a pas été suffisamment pris au sérieux, et d’autre part parce que la nouvelle politique agricole n’a pas été à la hauteur des défis qu’impliquaient les transformations agraires des dernières décennies.