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Natural Resource Governance around the World

English version: Why must the world’s family farms be protected?

Pourquoi faut-il protéger les agricultures paysannes du monde?

Rapport de Marcel Mazoyer. FAO, 2001. Commentaires de l’auteur à la Fondation Gabriel Peri en 2006.

Documents of reference

Mazoyer,Marcel. Protéger la paysannerie pauvre dans un contexte de mondialisation. FAO, 2001.

Deux milliards d’êtres humains sur les six milliards qui constituent la population mondiale souffrent de malnutrition et 854 millions de la faim, selon les dernieres estimations de la FAO pour 2001-2003. Parmi ces derniers, les trois quarts sont des paysans pauvres, mal dotés en terre, mal équipés, mal situés, ou des ex-paysans condamnés à l’exode vers les bidonvilles.

Comprendre l’origine de la pauvreté et de la malnutrition est absolument fondamental pour pouvoir en combattre les causes. Cette question est incontournable dès que l’on aborde les défis actuels autour de la gouvernance de la terre, de l’eau et des ressources naturelles. Sans des modifications profondes du fonctionnement du marché mondial des produits agricoles, il n’y aura pas de développement durable possible ni de réformes foncières efficaces.

Marcel Mazoyer, professeur émérite de l’Institut National Agronomique et membre d’honneur d’AGTER, a le premier expliqué les mécanismes qui sont à l’origine de la crise actuelle.

Le document « Protéger la paysannerie pauvre dans un contexte de mondialisation » pose le problème de façon très claire et ébauche des pistes de solutions en une vingtaine de pages. Il a été mis à la disposition des représentants de gouvernements et du Comité International de Planification des ONG/OSC pour la préparation du Dialogue Multi-Partenaires (DMP) lors du Sommet Alimentaire International: cinq ans après. Il est disponible sur le site de la FAO et pour plus de facilité, aussi téléchargeable sur les pages de notre site en français, anglais et espagnol.

M. Mazoyer y montre comment le développement agricole et la mise en concurrence sur le marché international d’agricultures aux niveaux de productivité très dissemblables ont provoqué une chute généralisée des prix agricoles. De ce fait, des millions de paysans pauvres sont menacés dans leur survie même. Les subventions agricoles des pays riches ne sont pas à l’origine de ce mécanisme, mais elles viennent encore en aggraver les conséquences.

M. Mazoyer propose des politiques visant à permettre une augmentation progressive des prix agricoles basées sur :

  • la mise en place de grandes zones de libre-échange des produits agricoles regroupant des pays dont la production agricole est comparable et en protégeant ces " grands marchés agricoles » contre l’importation de surplus à des prix très bas;

  • la négociation, produit par produit, d’accords internationaux qui établissent aussi équitablement que possible un prix moyen d’exportation ainsi que des quotas autorisés d’exportation pour chacun de ces marchés;

  • la réduction des différences de revenus agricoles par le biais de taxes territoriales différenciées, plus ou moins lourdes pour les régions favorisées et inexistantes ou négatives pour les régions désavantagées, tout en créant des lois contre l’accumulation.

Si les chiffres de la faim dans le monde présentés dans le document « Protéger la paysannerie pauvre dans un contexte de mondialisation » nécessitent une mise à jour, la mise en évidence des causes de la pauvreté et la démonstration des mécanismes restent plus que jamais d’actualité.

Comme le constate le rapport 2006 sur la faim dans le monde de la FAO, la situation s’est encore dégradée au cours des dernières années:

« Pratiquement aucun progrès n’a été accompli en ce qui concerne l’objectif du SMA (Sommet Mondial de l’Alimentation) de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées avant 2015. Depuis 1990-92, période de référence pour l’objectif du SMA, la population sous-alimentée des pays en développement n’a diminué que de 3 millions de personnes, autrement dit de 823 à 820 millions, alors qu’une réduction de 37 millions avait été obtenue dans les années 70, suivie d’une réduction de 100 millions dans les années 80. Enfin, les tendances les plus récentes sont vraiment préoccupantes – un déclin de 26 millions entre 1990-92 et 1995-97 a en effet été suivi d’une augmentation de 23 millions jusqu’en 2001-03. » (Rapport FAO 2006 sur la sécurité alimentaire)

Marcel Mazoyer précisait lors d’une conférence organisée par la Fondation Gabriel Peri en Octobre 2006, avant de disposer des chiffres de ce dernier rapport:

« 852 millions de gens ont faim, ce qui représente 37 millions de plus qu’il y a 10 ans. De 1971 à 1994, les chiffres du premier sommet mondial de l’alimentation indiquaient que l’on était passé de 920 millions à 815 millions. Avec les chiffres que nous avons actuellement (2004-2005), nous pourrons faire le constat de cette augmentation. Si l’on ajoute les 9 millions de personnes par an qui meurent de faim, l’augmentation aurait été de 90 millions plus 37, soit 127 millions. Nous pouvons ainsi affirmer que si le nombre de gens qui ont faim diminue, il diminue parce qu’ils meurent. Ceux qui ont faim, sont les pauvres et les plus pauvres. La faim est la forme la plus aiguë de la pauvreté. Ce ne sont pas deux choses différentes. C’est l’impossibilité de produire ou d’acheter ce dont on a besoin pour vivre. » 1

Michel Merlet (AGTER)

1lire le texte complet de son intervention et regarder l’enregistrement vidéo de sa conférence sur le site de la Fondation Gabriel Peri [http://www.gabrielperi.fr/983.html]

Bibliography

Mazoyer M., Roudart L. Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine. Paris (FRA) : Seuil, 2002 - 699 p. - 2e éd. - (Points Histoire)

Roudart, L. (éd.); Mazoyer, M. (éd.). La fracture agricole et alimentaire mondiale : Nourrir l’humanité aujourd’hui et demain. Paris : Universalis, 2005. - 196 p. - (Le tour du sujet).

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